La Réunion bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel, ce qui en fait un territoire idéal pour la production d’électricité solaire. Aujourd’hui, on y compte plus de 6 000 installations photovoltaïques raccordées, produisant environ 9,5 % de l’électricité de l’île. De nombreux particuliers ont ainsi installé des panneaux solaires chez eux pour réduire leur facture d’énergie – et ils peuvent même revendre le surplus de production non consommé.
La revente de surplus d’électricité photovoltaïque consiste à injecter sur le réseau électrique l’énergie solaire que vous ne consommez pas, afin de la vendre à EDF. Cette option permet de rentabiliser davantage votre installation : vous réalisez des économies sur vos factures et générez en plus un revenu complémentaire. Cependant, pour profiter pleinement de la revente du surplus à La Réunion, il faut bien comprendre les conditions à respecter, les tarifs de rachat du kWh, ainsi que les aides financières disponibles localement.
Dans les paragraphes suivants, nous détaillons comment revendre votre surplus à EDF (démarches, contrat, conditions techniques), quels sont les tarifs de revente surplus électricité applicables en 2025, quels avantages (prime, subventions, fiscalité) existent pour booster la rentabilité de votre installation photovoltaïque en revente, et comment les spécificités géographiques et climatiques de La Réunion influencent votre production solaire et votre retour sur investissement.
Revente EDF du surplus solaire : cadre et démarches à La Réunion
Pour un particulier souhaitant vendre son surplus solaire, le schéma le plus courant est l’autoconsommation partielle avec injection du surplus. Contrairement à la vente totale (où 100 % de la production est vendue) ou à l’autoconsommation totale (aucune injection sur le réseau), ce mode permet de consommer en priorité son électricité solaire et de revendre uniquement l’excédent sur le réseau public. Cette option est ouverte même pour de petites installations domestiques (jusqu’à 100 kWc à La Réunion). Néanmoins, certaines démarches administratives et techniques sont à respecter pour injecter en toute sécurité.
Étapes pour mettre en place la revente de surplus à EDF :
- Demande de raccordement au réseau : vous devez déposer une demande de raccordement auprès d’EDF (SEI Réunion). Cette étape peut se faire en ligne via le portail de raccordement dédié. EDF étudie votre projet et émet une proposition technique et financière pour le branchement de votre installation au réseau public.
- Certification de conformité (Consuel) : faites réaliser l’installation par un professionnel qualifié et obtenez l’attestation du Consuel (Comité National pour la Sécurité des Usagers de l’Électricité). Ce certificat de conformité est obligatoire pour prouver que votre centrale respecte les normes de sécurité en vigueur et peut être raccordée au réseau.
- Contrat de Raccordement, d’Accès et d’Exploitation (CRAE) : ce contrat, signé avec EDF, formalise le droit de votre installation à injecter du courant sur le réseau. Dans le CRAE, vous indiquez également le mode de valorisation de votre surplus : généralement le tarif d’achat réglementé (vente au tarif d’obligation d’achat) ou, à défaut, la cession gratuite de l’énergie injectée pour une très petite installation (< 3 kWc).
- Contrat d’obligation d’achat (OA) avec EDF : c’est le contrat de vente de votre électricité. EDF OA (branché aux reventes EDF des particuliers) est mandaté par l’État pour racheter votre surplus solaire. Lors de la signature, le tarif de rachat en vigueur est fixé et restera garanti pendant 20 ans. Vous sécurisez ainsi un prix d’achat stable pour toute la durée de vie du contrat.
- Mise en service et comptage du surplus : une fois votre installation raccordée et les contrats signés, EDF installe un compteur dédié pour mesurer l’énergie injectée. Les kWh injectés sont enregistrés et font l’objet d’un relevé (souvent annuel) dans le cas des petits producteurs. Vous recevrez ainsi, chaque année, le paiement correspondant à votre surplus d’électricité vendu sur le réseau.
Tarifs de revente du surplus d’électricité photovoltaïque à EDF (rachat du kWh)
À La Réunion, EDF est tenu de racheter l’électricité solaire injectée par les particuliers au tarif d’obligation d’achat fixé par l’État. Ce tarif de rachat du surplus (prix de vente du kWh injecté) est déterminé en fonction de la puissance de votre installation, et il s’avère sensiblement plus élevé dans l’île qu’en métropole. Les montants sont actualisés périodiquement par arrêté. En 2025, la grille tarifaire de revente du surplus photovoltaïque applicable à La Réunion est la suivante :
- ≤ 3 kWc : 0,2857 € par kWh (28,57 c€/kWh)
- 3 à 9 kWc : 0,2434 € par kWh
- 9 à 36 kWc : 0,1739 € par kWh
- 36 à 100 kWc : 0,1512 € par kWh
Concrètement, cela signifie que pour chaque kilowattheure (kWh) injecté sur le réseau, vous serez rémunéré ~0,28 € si votre installation fait moins de 3 kWc, ~0,24 € si elle fait jusqu’à 9 kWc, etc. Ces tarifs sont très avantageux : par exemple, ils sont environ deux fois plus élevés qu’en France métropolitaine pour un petit système domestique. De plus, une fois votre contrat de revente signé, le tarif est bloqué et garanti pendant 20 ans, ce qui sécurise vos revenus sur le long terme.
Pour illustrer, si vous injectez par exemple 1 500 kWh de surplus sur une année avec un contrat à 0,2857 €/kWh, vous toucherez environ 430 € de rémunération annuelle de la part d’EDF. Ce gain vient s’ajouter à l’économie que vous réalisez en autoconsommant le reste de votre production. En effet, chaque kWh solaire consommé directement est un kWh que vous n’achetez pas à EDF – vous économisez donc autour de 15 à 20 centimes par kWh autoconsommé sur votre facture. La revente du surplus constitue ainsi un revenu complémentaire net, souvent exempté d’impôt (voir section suivante), qui améliore significativement le retour sur investissement global de votre installation solaire.
Avantages et rentabilité d’une installation photovoltaïque avec revente du surplus
Une installation photovoltaïque avec revente du surplus s’accompagne à La Réunion d’avantages financiers non négligeables, qui améliorent fortement la rentabilité des installations solaires. Voici les principaux leviers à connaître :
- Prime à l’autoconsommation photovoltaïque : prime financière versée par l’État pour encourager l’autoconsommation avec vente du surplus. Elle est échelonnée selon la puissance installée et est attribuée lors du raccordement. Par exemple, pour une installation résidentielle de 3 kWc, cette prime atteignait environ 5 055 € en 2024, versée par EDF SEI un an après la mise en service, en même temps que la première facturation du surplus. Le bénéficiaire n’a aucune démarche supplémentaire à faire, la prime est automatiquement déclenchée lors du raccordement. (À noter : cette prime nationale peut évoluer à la baisse dans le futur, mais reste pour l’instant en vigueur à La Réunion.)
- Subvention régionale KAP’Photovoltaïque : la Région Réunion, avec le soutien de l’Union Européenne, propose le « chèque photovoltaïque » (dispositif KAP’Photovoltaïque) pour aider les particuliers à s’équiper. Cette aide locale peut aller de 1 000 à 3 000 € pour une installation sans batteries, et de 2 000 à 6 000 € si vous ajoutez un système de stockage. Elle est déduite du coût d’investissement initial (le professionnel applique directement la subvention sur la facture) et s’adresse aux installations jusqu’à 9 kWc. Il faut passer par un installateur partenaire du dispositif régional pour en bénéficier, mais la plupart des installateurs solaires locaux le sont.
- TVA réduite sur l’installation solaire : en tant que particulier, vous pouvez bénéficier d’un taux de TVA réduit pour l’acquisition et la pose de vos panneaux. Actuellement, la TVA est de 10 % (au lieu de 20 %) pour les installations d’une puissance ≤ 3 kWc, à condition que le logement ait plus de deux ans. Mieux, la loi de finances 2025 prévoit qu’à compter du 1er octobre 2025, ce taux réduit passera à 5,5 % pour les installations jusqu’à 9 kWc, dans le but de rendre le solaire encore plus accessible. Cela réduira d’autant le coût du matériel et de la main d’œuvre pour votre projet photovoltaïque.
- Exonération d’impôt sur les revenus solaires : les particuliers ne sont pas imposés sur les revenus tirés de la vente d’électricité solaire, à condition de disposer d’une installation ≤ 3 kWc, raccordée à votre résidence (principale ou secondaire), et de ne pas exercer une activité professionnelle de production. En clair, la plupart des petites installations domestiques bénéficient d’une exonération fiscale totale (et n’ont même pas à déclarer les revenus du photovoltaïque dans la plupart des cas). Au-delà de 3 kWc, les revenus de la revente deviennent imposables (régime des BIC, micro-entreprise non professionnelle) après un abattement forfaitaire de 71 % des recettes et un abattement complémentaire de 305 € – ce qui signifie concrètement qu’on ne serait imposé que sur 29 % des revenus au-delà de 305 € par an. De plus, ces revenus seraient soumis aux prélèvements sociaux (15,5 %) uniquement si la part imposable dépasse 61 €. Dans la pratique, une installation de 5 ou 6 kWc injectant du surplus génère rarement assez de revenus pour entraîner une imposition significative, surtout avec les abattements. L’exonération fiscale pour les petites puissances est donc un avantage précieux qui rend la revente du surplus encore plus intéressante pour les particuliers.
Retour sur investissement : un cas concret
Pour mieux saisir la rentabilité, prenons un exemple chiffré. Supposons qu’un foyer réunionnais installe une puissance solaire de 5 kWc sur son toit, pour un coût d’environ 12 000 € TTC (ordre de grandeur). Ce foyer choisit l’autoconsommation avec revente du surplus. Voici comment l’investissement pourrait se dérouler financièrement :
- Aides à l’investissement : Entre la prime à l’autoconsommation et le chèque régional, ce foyer recevrait, disons, ~7 000 € d’aides cumulées (par exemple ~5 000 € de prime et ~2 000 € de subvention locale). Le coût initial de 12 000 € serait ainsi réduit à environ 5 000 € à sa charge après subventions.
- Production et autoconsommation : 5 kWc de panneaux peuvent produire environ 6 500 à 7 000 kWh par an dans le climat réunionnais. Imaginons que ce foyer consomme la moitié de cette énergie et réinjecte l’autre moitié. Il utiliserait donc ~3 500 kWh par an pour ses besoins propres, et il vendrait ~3 500 kWh/an de surplus à EDF.
- Économies sur facture et revenus de revente : Les 3 500 kWh autoconsommés sont autant d’électricité en moins à acheter au fournisseur ; à ~0,18 € le kWh TTC, cela représente ~630 € d’économie annuelle sur la facture d’électricité. Par ailleurs, les 3 500 kWh vendus en surplus génèreraient, au tarif moyen ~0,24 €/kWh, environ ~840 € de revenu sur l’année. Au total, la première année d’exploitation solaire apporterait donc près de 1 470 € de gain net pour le foyer (somme des économies et du revenu de revente).
- Durée d’amortissement : Avec ~1 500 € de bénéfice par an et un investissement restant d’environ 5 000 €, le retour sur investissement serait atteint en un peu plus de 3 ans. Passé ce délai, l’installation solaire – déjà payée – continuerait à fonctionner pendant 20 ans ou plus, procurant chaque année des économies sur la facture et un revenu complémentaire. Les panneaux photovoltaïques ont généralement une durée de vie de 25 à 30 ans, et les contrats de rachat sont garantis 20 ans : la majeure partie de la production future constituera donc un gain financier net pour le foyer une fois l’investissement amorti.
Ce scénario est bien sûr indicatif, et la rentabilité réelle varie selon de nombreux paramètres (profil de consommation, ensoleillement du site, coût exact du projet, etc.). Néanmoins, il illustre l’impact majeur des aides financières et des tarifs de rachat généreux à La Réunion : même en étant prudent, on obtient des retours sur investissement de l’ordre de 3 à 5 ans dans de nombreux cas, ce qui est très court comparé à la durée de vie des équipements solaires.
Spécificités climatiques et géographiques de La Réunion
La Réunion bénéficie d’un excellent gisement solaire : on estime qu’1 kWc de panneaux peut y produire entre 1 300 et 1 700 kWh par an selon l’exposition du site. Ce niveau est supérieur à la plupart des régions de métropole et explique en partie la rentabilité élevée du photovoltaïque dans l’île. Bien sûr, les micro-climats locaux jouent un rôle – par exemple, les Hauts et la côte Est, plus humides, produiront un peu moins d’énergie solaire que la côte Ouest très ensoleillée. Il est possible d’estimer précisément le potentiel de votre toiture grâce au cadastre solaire en ligne mis à disposition par la Région. Cet outil indique la production solaire annuelle estimée à votre adresse, ce qui aide à dimensionner au mieux votre installation.
Par ailleurs, les installations photovoltaïques à La Réunion doivent être conçues et posées dans le respect de normes parasismiques et anticycloniques strictes. Les toitures de l’île sont régulièrement exposées à des vents violents (cyclones tropicaux) et un bon installateur dimensionnera la fixation des panneaux en conséquence. De même, l’environnement insulaire (air marin, chaleur, humidité) est pris en compte dans le choix du matériel pour garantir sa durabilité. Ces spécificités géographiques et climatiques n’empêchent en rien un excellent rendement solaire, mais elles rappellent l’importance de faire appel à des professionnels expérimentés, connaissant le contexte local. Une installation correctement étudiée et réalisée tiendra compte de ces contraintes et offrira une production optimale sur le long terme.
En définitive, la revente du surplus d’électricité photovoltaïque à La Réunion est un dispositif gagnant pour les particuliers. Grâce aux tarifs de rachat attractifs, aux aides financières locales et au fort ensoleillement de l’île, une installation solaire bien dimensionnée peut s’amortir en quelques années à peine. Elle permettra ensuite de bénéficier d’une électricité à très faible coût pour le foyer, tout en générant un revenu complémentaire et en contribuant au développement des énergies renouvelables sur le territoire réunionnais.